Si tu me suis, tu sais que j’aime prendre la plume lorsque les idées se bousculent dans ma tête. Un peu comme pour y mettre de l’ordre, leur trouver un sens. Ou peut-être en faire quelque chose. Et de ce quelque chose, j’aime l’idée de me dire que ce qui se passe dans ma tête peut aussi être présent, d’une façon ou d’une autre, chez toi.
Depuis quelques mois, j’ai vécu de nombreuses expériences qui ont bousculé mon quotidien. Et quand je dis bousculer, c’est pour me détacher des difficultés passées parce que je sais l’importance des mots et leur emprunte. En d’autres mots, j’ai plus que jamais expérimenté le concept de résilience, jusqu’à me demander même si je ne l’utilisais finalement pas comme une fuite déguisée. Il y a sans doute une part de ça, tu sais, pour ne pas faire face. Je veux dire, pas complètement faire face. Pour garder quelque part une petite place à l’intérieur de moi où je me sens libre et en sécurité.
Et aujourd’hui, j’avais envie de te parler de cette petite place justement. Te partager à quel point elle est précieuse dans mon quotidien. De cet endroit-là, j’ai la conviction que tout est possible. Je peux rêver. Et ce rêve, il est sans limite.
Pour t’en parler, j’ai envie de te partager un souvenir de mon enfance. Petite fille, je regardais une émission de chanson à la télé, les larmes sur les joues. J’étais sans aucun doute un peu envieuse des concurrents qui faisaient le show et sur lesquels je projetais un manque de reconnaissance pour cette expérience incroyable qu’ils avaient la chance de vivre, eux… Un peu comme si tout cela m’était inaccessible ! Discrète comme je l’étais, toujours peureuse de déranger les autres (on a tous nos schémas et nos croyances limitantes, n’est-ce pas !?), il m’était difficile de penser que cela pouvait m’arriver ! Alors je pleurais devant l’écran car ça ne m’arriverait sans doute jamais !
Et puis, j’ai grandis. Toujours discrète, toujours silencieuse. Je me réfugiais dans cette partie de moi dont je t’ai parlé tantôt, et je me permettais de rêver les scènes, de rêver le chant, de rêver cette vie d’artiste qui me faisait tant envie. Et j’ai aimé y retourner à chaque fois que j’en avais le besoin dans cette place toute particulière. Et même si j’ai encore grandi depuis et que je suis devenue adulte, j’entretiens passionnément cet espace qui me permet de continuer à rêver avec mes yeux d’enfant.
Je pourrais te faire tant de liens avec mon métier d’aujourd’hui, mais ce n’est pas mon propos du jour. Depuis quelques mois, dans mes accompagnements, je prends de plus en plus conscience de la difficulté que les personnes ont de faire vivre leurs yeux d’enfant dans leur vie d’adulte responsable. Comme si lorsque l’on grandit, on n’a plus le droit de penser que les rêves peuvent se réaliser. Ou même, que les choses peuvent être simples et agréables. Et quelque part, ça me brise le cœur. Car si on ne peut plus rêver, alors quoi ? On reste dans le faire ? On vit d’injonctions (consciente ou non) !? Et là, ça m’interroge. Est-ce que le fait de devenir adulte veut forcément dire arrêter de rêver !? Et même ! Que de se permettre de rêver serait se montrer faible, voire même, naïf ?
C’est drôle comme certains mots ont une consonnance négative alors qu’ils sont si importants. J’entends ma fille me dire « maman, j’ai entendu des mots vilains et pas jolis dans la chanson ». Et lorsque je l’interroge sur ces mots, elle me dit « tristesse et mort ». Alors on parle de ce qu’ils représentent pour elle. Et on échange sur le fait qu’ils ne sont pas vilains, ou pas jolis, mais qu’ils représentent pour elle, aujourd’hui, des projections désagréables. Et que grâce à eux, on peut les nommer, ces émotions, et échanger sur ces sujets. Et que c’est précieux ! Car alors tout se met en mouvement.
Alors ce mot, naïf… Je me suis demandée à quoi il sert. Et bien je crois qu’il offre la Liberté. Il représente pour moi cet endroit où tu es capable de voir au-delà des barrières. Où tout est possible. Tu sais, à l’image de l’enfant qui n’a pas encore conscience des systèmes dans lesquels on évolue quotidiennement. Il croit, il rêve et il se met en mouvement. Il n’a pas peur de se tromper ou de ne pas y arriver. Il chemine et il sourit. Et si une difficulté se trouve sur son chemin, il invente un nouveau détour. Il n’y a pas de place à l’impossible. Et le plus important je crois, il aime. Passionnément. Profondément. Naïvement.
Et tout l’enjeu semble être là, dans le passage de l’enfant à l’adulte… Comment continuer à vivre cette part intérieure qui sait si bien et si facilement rêver et être ? Comment réconcilier les projections de ce que doit être un adulte face à l’innocence tant agréable de l’enfance ? Ne serait-ce pas faire un deuil ? De celui que l’on était pour laisser place à une version de soi plus aboutie, plus complète !? Certes, avec un peu moins de spontanéité parfois, mais toujours présente, authentique et franche, pour chacun d’entre nous ?
Aujourd’hui, je vous souhaite de continuer à vivre cette partie de vous qui s’exprime à travers vos yeux d’enfants. De l’écouter, de l’encourage et d’oser ce qu’elle vous propose. Car croyez-moi, les rêves qu’elle vous susurre à l’oreille sont réalisables. Tous ! Ne mettez pas de barrières et laissez-vous surprendre par la naïveté qu’embrasse l’inconnu. Et comme moi, découvrez un jour la scène que vous avez rêvée, de l’autre côté de l’écran, avec tout votre amour empreint de douces naïvetés.