Dans mes séances d’accompagnement et même dans mes discussions avec des proches, on me partage souvent un sentiment négatif, et même de honte en regard à certaines pensées qui traversent l’esprit dans des moments de difficultés. Qu’elles concernent la personne directement ou qu’elle soit dirigée vers autrui, il se joue souvent un désaccord interne entre la pensée et l’image que l’on souhaite projeter à l’extérieur, auprès des autres.
Le célèbre psychologue Suisse M. Carl Gustav Jung, aborde cette question sous le trait des mots « part d’ombre ». Concept important développé dans la psychologie analytique (les gens qui me connaissent reconnaîtront là mon amour pour ces école de pensées), il fait référence à une partie de Soi inconsciente ou refoulée de notre personnalité que l’on souhaiterait plutôt ignorer, voir même refouler. Et pourtant, je vous assure que le voyage à l’intérieur de Soi est indispensable si l’on désire avancer sur son chemin, son développement personnel.
Les parts d’ombre sont, selon Jung, des éléments qui ne sont pas directement accessibles à notre pensée immédiate et rationnelle. Pourtant, elles influencent nos pensées, nos émotions et même nos comportements. Elle font partie intégrante de notre personnalité. Composées de sentiments, de désirs, d’impulsions ou de souvenirs refoulés, elle font la place belle aux évènement et éléments négatifs ou conflictuels. Elles offrent une image en contradiction avec celle qu’on aime arborer à l’extérieur, face aux autres d’une part, mais surtout, face à nous-même ! Empruntes de colère, de jalousie, d’envies ou de violences, elles sont bien tapies en chacun de nous et nous surprennent parfois par leur intervention inattendue.
Dans les métiers de l’accompagnement, quel qu’ils soient, je rejoins le célèbre psychologue dans sa pensée qu’il est indispensable de reconnaître et intégrer ces aspects cachés en nous. De leur donner voix. Ne serait-ce que pour leur offrir un autre chemin que celui conduisant à l’irrationnalité des comportements, aux conflits internes, à la destruction d’une partie de soi, voir même à des problèmes psychologiques plus importants. Permettre ainsi un développement personnel complet et équilibré qui contribue à l’avancement de chacun vers son processus d’individuation.
Il n’existe pas qu’une manière de l’explorer et de l’exprimer. A travers mon histoire, j’ai choisi l’écriture et la chanson afin d’extérioriser et jouer ces parties noires, sous le couvert d’un jeu d’actrice. Et je ne cache pas que c’était plutôt intense et agréable de pouvoir donner vie à ces parties sombres de ma personnalité, à travers la créativité et l’exercice kinesthésique qu’est le chant. Se perdre et laisser les reines quelques instants à l’animal qui sommeille en moi afin qu’il hurle ses violences, ses jugements, ses envies, libre de bienséance et de jugement, avant de retourner bien au chaud tout au fond de moi.
Ils font partie de moi… Ils sont une partie de moi… Une partie que j’ai bien trop souvent jugée selon mes croyances, mes expériences et mes constructions. Et je peux choisir de les transformer ou de les accepter telles qu’elles sont. Tout est finalement question d’équilibre. Et l’équilibre, je le vois un peu comme le fil sur lequel on visite le monde et sur lequel on danse, pas après pas. Et j’aime me dire que visiter ces parties à l’intérieur, c’est un peu comme donner du sens aux couleurs de notre personnalité, et permettre à celles refoulées de se nourrir de lumières afin de nous permettre de trouver et d’approcher encore plus vers notre épanouissement personnel, vers l’individuation.